« Je désire que ma lettre te trouve comme elle nous quitte » (125 J 4, Correspondance passive provenant de sa femme, lettre du 1er mars 1915).
La correspondance entre Henri Bourinet et sa famille constitue le principal intérêt du fonds. Les échanges entre Henri et Anne nous placent dans l'intime et le quotidien. Ils révèlent aussi bien la banalité des sujets de préoccupation d'un soldat en...
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« Je désire que ma lettre te trouve comme elle nous quitte » (125 J 4, Correspondance passive provenant de sa femme, lettre du 1er mars 1915).
La correspondance entre Henri Bourinet et sa famille constitue le principal intérêt du fonds. Les échanges entre Henri et Anne nous placent dans l'intime et le quotidien. Ils révèlent aussi bien la banalité des sujets de préoccupation d'un soldat en campagne que la poésie des échanges d'un couple déchiré par la guerre. La santé est une préoccupation constante pour Henri et ses proches. Ils s'échangent également des nouvelles de l'exploitation agricole et des ventes de bestiaux sur les foires. Il signe ses lettres adressées à ses parents, sa femme et sa fille ainsi « je finit ma lettre en vous embrassant de tout mon coeur votre fils et époux qui voudrait tant vous voir ainsi que ma petite Irène » (125 J 3 , Correspondance active, lettre du 23 décembre 1914). Au travers des lettres, il décrit également son quotidien de convalescent en décrivant ses repas, ses activités et les départs des soldats retournant au front.
La correspondance d'Anne Bourinet est touchante et nous livre un modeste témoignage de ces femmes qui sont restées et subissent le départ au front de leurs époux. Elle s'occupe de l'exploitation avec ses beaux-parents, de soigner son bétail, de semer le froment, de sulfater les vignes, ...Elle lui donne des nouvelles de sa fille qu'il ne voit pas grandir. Chaque lettre d'Anne comme d'Henri évoque Irène, à l'image de celle du 23 octobre 1914 « ta petite fille et mignone et coquette et quel pense souvent en toi ». Henri rentrera en 1917 chez lui, Irène décèdera en 1919. Enfin, c'est simplement la correspondance d'un couple qui exprime son amour et le manque de l'autre : « ta petite femme qui pense tous les jours en toi et que je t'embrasse de tout mon coeur ainsi que ta petite fille [...] A dieu mon cher Henri A dieu mon cher amie ».
Pour finir, au travers de ces échanges et de cette intimité, nous percevons la Grande Histoire. Celle qui concerne les soldats blessés ou malades dans les hôpitaux militaires. Comment du front, ils cheminent d'établissement en établissement au fur et à mesure que leur état évolue. Nous effleurons aussi l'organisation de ces institutions souvent éloignées des combats. Nous ouvrons une fenêtre sur ces familles à l'arrière qui tentent de conserver le lien avec leur proches en campagne tout en continuant de faire tourner les exploitations agricoles. Nous devinons enfin les difficultés qu'ont ces lettres à parvenir à leurs destinataires, le manque de permission et les conditions de vie difficiles pour ces hommes et ces femmes