Le fonds Peyraud-Meron rassemble les correspondances de deux frères originaires du Confolentais, Jean et Louis Peyraud, à leur mère et leur soeur Marie pendant la Guerre 1914-1918. Mme Monique Meron, petite-fille de Marie Peyraud et une des donatrices, nous livre dans son étude des lettres une excellente présentation du contenu : "De la Marne à Verdun, de la Somme à l'Artois, dans les...
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Le fonds Peyraud-Meron rassemble les correspondances de deux frères originaires du Confolentais, Jean et Louis Peyraud, à leur mère et leur soeur Marie pendant la Guerre 1914-1918. Mme Monique Meron, petite-fille de Marie Peyraud et une des donatrices, nous livre dans son étude des lettres une excellente présentation du contenu : "De la Marne à Verdun, de la Somme à l'Artois, dans les Ardennes, en Belgique et jusqu'en Italie, ces témoignages s'ajoutent à d'autres déjà connus sur le quotidien du soldat qui attend lettres et colis et vit les pires conditions des tranchées et du champ de bataille, voit disparaître ses compagnons, guette les répits et les rotations entre le front et l'arrière des lignes (en « réserve »), s'ennuie ou souffre des exercices pendant de longues périodes, échange pain contre saucisson avec les soldats d'en face, tombe malade ou blessé, attend les quelques jours de permission souvent retardés, subit les déplacements sans bien les comprendre, lit et critique les journaux qui lui parviennent, dénonce les fausses informations... Mais la lecture croisée de ces plus de 2000 lettres raconte aussi la vie et les réactions de l'entourage dans cette petite ville de Charente, loin du champ de bataille, les liens avec la mère et la soeur, les cousins et cousines, et le tissu social de l'époque. C'est l'organisation de toute une communauté qui surgit au fil des déchiffrages et dont il est intéressant de rendre compte, sur les relations entre le front et l'arrière, sur la place d'un milieu instruit et relativement aisé dans son contexte local, sans pour autant échapper aux difficultés, notamment financières. La transcription des lettres écrites par Jean en Italie, et le déchiffrement des condoléances permettent d'élucider les circonstances de sa mort (le 23 août 1918). Mais c'est aussi la personnalité du jeune homme, ses liens avec sa famille, ce qu'il aurait aimé devenir peut-être, qui apparaissent et mènent à une analyse plus sociologique de cette monographie complète (toutes ses lettres sont là) et incomplète à la fois (il manque les réponses de la mère et de la soeur). Aux lettres de Jean, souvent longues et descriptives, très documentées, s'ajoutent celles de Louis, plus courtes et moins littéraires, mais parfois très instructives. L'écriture laisse percer le regard des frères sur ce qu'ils vivent, sur les rôles familiaux, sur leur contrée d'origine et sur celles traversées, des champs de bataille aux hôpitaux de campagne. Chacun vit sa guerre, et parfois, ils échangent leurs points de vue. L'aîné et le cadet se rencontrent rarement mais se suivent dans le temps, entendent parler l'un de l'autre, et s'épaulent pour conseiller ou rassurer leur mère, s'inquiètent ou s'attendrissent sur la jeune soeur... Les styles sont différents, le rôle d'aîné pèse sur Louis, Jean aime écrire, il est plus fantaisiste, s'enthousiasmant pour les paysages et observant les populations rencontrées, notamment en Italie où son parcours s'achève" (Monique Meron).